« Le plaisir de haïr » – Verbatim

Le Café Psy du 03.04.14

plaisir hairLa haine de soi

« Il m’arrive d’avoir la haine de moi-même. »

« Je n’ai pas de haine pour mes parents, mes amis, mes collègues, mais il m’arrive d’éprouver une joie mauvaise à me dévaloriser. Dans ces moments là, soit on n’aime pas ce qu’on fait, soit on n’aime pas ce qu’on est. »

« L’interdit de la haine existe en chacun de nous. Il est plus facile de se haïr soi-même que de haïr l’autre »

L’amour et la haine

« Moi, j’aime ma mère pour ne pas la haïr. »

« Le pardon n’a rien à voir avec la haine. La haine c’est dé-constructif. Ça alimente quelque chose qui t’assèche. Dans l’amour, il y a du passionnel, de l’envie de bonheur, alors que la haine, c’est névrotique dès le début. »

« J’ai haï parce que j’ai aimé. D’ailleurs, je le hais toujours. C’est très valorisant. En général j’ai du mal à faire des reproches aux gens, j’apprécie plus ou moins tout le monde, alors quand je hais, ça me rassure. Chez moi, la haine valorise l’amour. »

Le Café Psy : « On peut aimer et haïr la même personne. L’amour contient toujours une part de haine, mais la haine ne contient pas toujours une part d’amour. »

Refuser la haine

« Si on m’avait assassiné ma fille, même pour son meurtrier, je n’aurais pas de haine. D’abord parce qu’il serait le dernier à l’avoir vue, et ensuite parce que ce sentiment ne changerait rien à la situation. »

« Détester, oui, mais haïr, c’est suffoquant, ça me donne le sentiment de retourner la haine contre moi. Mais peut être que je déplace… »

Le Café psy : « Nous avons peur de notre propre violence. Notre corps se souvient des sensations désagréables et de la rage qui amène la haine. Nous nous autocensurons en détruisant nos poupées plutôt que le petit frère, nous nous en prenons à notre conjoint plutôt qu’à notre patron. »

« Ça valorise peut être aussi la personne qui est haïe. Je n’ai pas trouvé dans mon entourage quelqu’un qui mériterait d’être haï. »

Le Café psy : « Dans la haine, on est collé à l’autre, c’est le contraire de la distance. »

La haine qui détruit

« Détruire l’autre, c’est le tuer. Je m’interdis cette notion là, mais j’aimerais que l’autre arrive à un cheminement pour se tuer lui même. »
« On parle de mort symbolique, pas de destruction physique. »

Le Café psy : « Il est difficile d’assumer nos pulsions destructrices. Nos fantasmes nous effraient car on imagine qu’on pourrait les réaliser et détruire vraiment l’autre, d’où une intense culpabilité. »

« Moi, ça me sauve de pouvoir exprimer ma haine chez mon psychanalyste. Même si c’est en rêve. Cela dit, il vaudrait mieux que je ne croise pas celui que je hais dans la rue.»

Le Café Psy : « Il y a une intense satisfaction à seulement imaginer la destruction de l’autre, à fantasmer sans détruire. »

« Le paradoxe, c’est qu’on dirait que les haineux veulent détruire l’autre mais veulent aussi que leur haine se poursuive. Or pour cela, il faut que l’autre reste en vie. »

Le Café Psy : « La haine est addictive. Tant qu’il est vivant, on n’est pas séparé de l’autre. Je pense à ces couples qui se déchirent toute leur vie, mais quand l’un d’eux meurent, on voit soudain l’autre s’effondrer. »

« Dans la vengeance, on cherche à faire ressentir à l’autre la même souffrance pour qu’il comprenne enfin ce qu’il nous a fait. »

« J’ai haï quelqu’un professionnellement. J’ai eu envie qu’il lui arrive la même chose qu’à moi, mais c’était plus de la colère, car la haine était pour moi un sentiment interdit. Aujourd’hui, j’ai le pouvoir par rapport à lui. Je n’ai pas de haine, mais quand même de la jouissance dans la puissance que j’ai par rapport à lui. »

Le Café Psy : « Il y a l’honneur que l’on peut faire en haïssant l’autre, en lui accordant de l’importance. C’est une forme de dépendance que de placer l’autre dans un endroit qui pour nous a de l’importance. «

Les sources de la haine

« La haine que j’éprouve vient quand quelqu’un est impuni alors que normalement, quand on commet quelque chose de grave, il y a sanction. Il y a une forme de haine civilisée, c’est de faire condamner quelqu’un au Prud’hommes. »

« Il peut y avoir de la haine légitimée par une histoire collective, et ça, ça me fait peur. Je n’ai jamais haï personne peut être parce que je n’ai jamais aimé personne. Peut être que ma mère, c’est la femme la plus nuisible. »

Le Café Psy: « La haine est toujours légitime pour celui qui l’éprouve. »

« Deux personnes ont commis une atteinte irrémédiable, sociale pour l’un, affective pour l’autre. »

« Pour moi, le plus difficile, c’est l’atteinte affective. Chez moi, c’est l’humiliation qui a déclenché la haine. Il n’y avait rien de sentimental là dedans. »

« Quand on hait, il y a toujours une blessure narcissique. »
« La haine, c’est forcément contre quelqu’un que je connais. Elle peut m’aider à me reconstruire. »

« Un jour j’ai été agressée par des jeunes dans le métro. Personne n’a bougé. En voulant les écarter, la bière de l’un s’est renversée sur une passagère qui s’est exclamée : mais j’ai rien fait moi ! En sortant de la rame, je lui en voulais plus à elle qu’à mes agresseurs. »

« J’ai eu la haine contre cette chose insidieuse qu’a été mon cancer. J’ai traversé cette épreuve la pour être en vie. »

« Je hais les salauds, et aussi « mes » salauds. Je trouve ça bien, je ne vais pas leur faire de cadeaux ni leur tendre la joue gauche. »

« Quand on hait quelqu’un, c’est une répétition qui concerne quelque chose de bien plus important que celui qui a fait la vacherie. »

« Mon grand frère me maltraitait. Moi, je bondissais et le poursuivais avec une bouteille de lait, lui il faisait ses coups en dessous. Plus tard, j’ai fait du bénévolat en prison. Je crois que c’était pour entendre enfin quelqu’un reconnaître qu’il était coupable de quelque chose. »

« La haine se transmet de génération en génération dans ma famille. »
« Dans chaque génération, il y a un bébé haine qui existe. »

 » Il peut y avoir des pulsions de haine brute quand je suis au volant. »

Le café psy : « Il y a, c’est vrai, les petites haines du quotidien. »
« La haine, ça se fait toujours à deux. Il y a quelqu’un d’identifié, contrairement à la colère, qui peut se manifester par un bras d’honneur dans le métro sans s’adresser à personne en particulier. »

Le Café psy : « La colère est impulsive, la haine, c’est quelque chose qui se scénarise. »

 » J’ai une haine originelle contre ma mère mais je ne l’exprime pas contre elle »

Le plaisir de la haine

« Quand j’étais chef, je me souviens qu’on se racontait entre chefs le plaisir de sentir que les employés nous détestaient et nous craignaient. »

« La haine maintient le lien, c’est là qu’il y a du plaisir. »

« Le rapport qu’on entretient avec son bourreau contient du plaisir. Il y a du sadomasochisme entre haineux et haï. Il y a du plaisir par rapport à celui qui nous détruit, peut être une forme de sentiment amoureux. »

« Parfois, deux personnes se haïssent en alternance, en fait, c’est un couple.»

« Dès que je pouvais atteindre l’autre, quel bonheur ! »

Le Café psy :  » La haine de l’autre n’est pas gênante si elle ne répond pas à quelque chose en soi. Tout dépend de la situation qui déclenche ou pas quelque chose. »

Etre haï(e)

« Dans mon couple, je ressens de la haine contre moi. Je me demande pourquoi je n’y réponds pas. Peut être parce que j’ai vu mes parents se détruire dans la haine et que je ne veux pas le reproduire. Mon mari, lui, a vu chez ses parents un amour fou, du coup, cette haine qu’il éprouve, c’est comme une première expérience qu’il jubile à vivre. »

« Moi, je suis haïe par mon frère. Il ne peut pas me supporter. Aujourd’hui je suis plus sereine par rapport à ça. Je me prémunis en m’éloignant même si je me fais encore avoir. La haine qu’il a envers moi est une répétition de la haine qu’il a envers quelqu’un d’autre. »

« Moi, en tant que DRH, je dois parfois gérer des séparations difficiles. Si à ce moment là, la personne a de la haine alors que je n’ai rien à me reprocher, j’ai un certain plaisir à mépriser « Tant pis pour toi, reste dans ta haine. »

« Les conflits familiaux sont un bon terreau pour la haine. Il y a deux personnes avec qui je suis en conflit, un père jamais très aimant mais à qui il était difficile de faire payer ses carences, et puis un jour, il a refusé de me rendre une grosse somme d’argent que je lui ai prêté. J’ai enfin eu quelque chose de concret à lui faire payer. Je lui ai fait un procès. Mais j’ai été incapable de le lui dire, j’ai tout juste pu dire : « Nous allons sortir du cadre amiable. » L’autre personne, c’est ma sœur. Je suis parti de la maison à 17 ans quand elle en avait 11. Elle a instauré de la distance par rapport à moi. Aucune réactivité lors de ma démarche contre notre père. Moi aussi, je traverse des moments d’agressivité mentale et je lui ai fait une crasse. Quand j’ai appris le décès de notre grand-tante, je ne l’ai pas prévenue, sciemment, elle n’est donc pas venue à l’enterrement, elle s’est sentie abandonnée. Moi je me suis senti méchant, salaud, dégueulasse, mais j’ai reconnu que je lui avais fait une crasse. »

« La haine de mon frère était en partie de ma faute. J’ai fait des choses pour avoir le peu d’amour que mes parents avaient à donner. Si c’était au détriment de mon frère, tant pis. Je peux imaginer les effets que ça a eu sur lui. »

« J’ai quatre sœurs. Elles ne s’entendent plus avec moi. Elles ont organisé une réunion avec notre mère ou tout le monde a été convié sauf moi. »

« Je me rends compte que cette personne que je hais, c’est un idéal de moi que je ne parviens pas à atteindre. C’est cet idéal de moi que je cherche à détruire. On n’est pas atteint par des gens que l’on n’estime pas. C’est un sentiment presque valorisant : Chaque fois qu’on touche l’autre, on atteint quelque chose, on se dépasse. Cette personne que je hais m’a demandé pourquoi je lui en veux alors qu’on était deux responsables. Je lui ai dis que ce n’était pas une question de morale. »

 

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