« Fêtes de famille : réjouissance ou souffrance ? » – Verbatim

Le Café Psy du 05.12.13

Norman-Rockwell-Thanksgiving-thanksgiving-2927689-375-479En famille

« La famille, c’est un champ de bataille. L’important, c’est de le savoir avant d’y aller. »

« Moi je suis celle qui organise tout. Quand je ne le fais pas, je deviens celle qui n’organise rien. »

« On joue souvent un rôle qui nous est imposé, ou qu’on s’impose à soi-même. Moi, je suis célibataire, alors, même à 40 ans, je reste considérée comme la petite. »

« A Noël, deux axes se rencontrent en nous. On est les parents de ses enfants. Mais on reste aussi l’enfant de ses parents. Il est difficile de sortir de la place qui nous est assignée. Le jour où j’ai voulu inviter mes parents chez moi avec mes enfants, ma compagne et mes beaux parents, au lieu d’aller chez eux comme d’habitude, il y a eu un gros malaise toute la soirée. Ils ne me reconnaissaient pas ce rôle. Je ne l’ai pas refait depuis. »

« Cela fait trois ou quatre ans que je ne passe plus Noël en famille. L’année dernière, mes parents sont partis voir mon frère en Nouvelle Zélande. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que ça me manquait. »

« Qu’est ce qui nous manque, quand on n’y va pas ? Est-ce la famille, le conflit ou les cadeaux ? »

« Noël est un lieu essentiel de transmission aux enfants. »

« Après la disparition de mes grands-parents, je suis devenue « la puissance invitante ». Si je ne les invitais pas, mes parents et ma tante seraient tout seuls. Je ne peux pas ne pas les inviter. »

La « puissance invitante »

Il y a toujours une « puissance invitante ». C’est une forme de soumission, on est invité par quelqu’un qui dirige la manoeuvre. »

« La « puissance invitante », il faut l’entendre dans les deux sens : générosité et prise de pouvoir. La maîtresse de maison qui se donne sans compter pour offrir une belle soirée, mais aussi le personnage charismatique qui impose sa propre règle du jeu à travers le rythme qu’elle donne au repas, le menu, l’horaire, les conventions. Des tas de petites choses qui, en fait, régissent la soirée de tout le monde selon ses codes à elle. »

Le Café Psy : « Cela pose la question des fondements de la générosité par rapport à la contrainte. Inviter quelqu’un chez soi, c’est prendre en charge le lien familial. Si je ne le fais pas, personne ne va le faire. Faut-il arrêter ou continuer ? C’est le sens que ça a pour nous qui est à questionner. »

« Ma mère, elle donne pour être aimée. Elle va nourrir, inviter. Et elle-même attend d’être nourrie, en retour d’amour. Le problème, c’est qu’elle n’obtient jamais assez, à ses yeux, par rapport à ce qu’elle donne. »

« Au réveillon, chez nous, on mange au delà du plaisir. On se gave. »

Le Café Psy : « la puissance invitante, c’est la « mère nourricière ». C’est comme si, le jour de Noël, tout devenait soudain permis dans les délires nourriciers. »

Le Père Noël

« Mon fils a cru au Père Noël jusqu’à l’age de dix ans. Un jour, il m’a dit très sérieusement : si Dieu existe, pourquoi pas le père Noël ? »

« J’ai vécu comme une trahison le jour où j’ai compris que le père Noël n’existait pas. »

Le temps qui passe

« Noël après Noël, on voit nos parents vieillir, on voit les enfants grandir, et puis parfois pour les grands-parents, on se dit : c’est peut être dernier Noël avec mamie. »

« Noël, c’est à la fois la naissance et la mort. C’est souvent là qu’on voit certains membres de la famille pour la dernière fois. Du coup, les années d’après, Noël devient le jour du souvenir. »

Souffrance

« Pour moi, Noël c’est l’enfer. Même quand j’étais enfant, Noël n’a jamais été enchanté. C’est comme les autres jours avec, en plus, le souci des apparences et une surabondance toxique. »

«  Moi à Noël, j’ai déclenché un zona. »

« Il ne faut pas s’en vouloir de ne pas fêter Noël ensemble. Faire semblant c’est lourd. Il faut offrir des cadeaux à des personnes qu’on ne connait même pas. Récemment, j’ai été prise d’une envie de franchise qui m’a libérée d’une énorme souffrance. »

Réjouissance

« Chez nous, il est hors de question que la fête familiale soit une grande souffrance. Il faut faire comme si tout allait bien. »

« J’ai des souvenirs de rigolade énorme, à Noël. Mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps. A Noël, les conflits familiaux sont interdits. Mais le reste de l’année… »

« Noël, c’est d’abord un aspect religieux. On ne doit pas se disputer. Ce n’est pas régresser que de vouloir des moments de paix. »

« Je suis très facilement agacé par les dysfonctionnements de certains membres de ma famille, mais dans cette période là, j’arrive à les aimer complètement. »

Le Café Psy : « Chaque famille repose sur un mythe qui fonde le sentiment d’appartenance. Un mythe est célébré par des rituels. Noël permet de consolider le mythe familial. Un mythe n’est pas une vérité, mais il n’est pas non plus un mensonge. C’est une histoire qui fonde un clan, constituée de légendes, de valeurs, de droits et d’obligations communément et tacitement acceptés par tous. Qu’il soit bénéfique ou toxique, le mythe demeure au delà des conflits. »

« L’interdiction de se disputer « parce que » c’est Noël, est pour moi d’une violence absolue. Cela veut dire que ceux qui ne sont pas heureux sont exclus ? Que ceux qui ne sont pas d’accord partent en vacances ? La configuration familiale est donc définie une fois pour toutes. Mais qui décide de ça ? Il faut juste obéir aux règles du château. »

« Il y a toujours des gens qui veulent venir au château. Moi, j’aimerais bien changer de château. »

Liberté

« L’amour, même sincère, est étouffant, car il se confronte à une autre valeur qui est la liberté. »

« Ma liberté, c’est de passer Noël là ou j’en ai envie. Le prix à payer, c’est la culpabilité. Et ça a aussi un coût financier : dix ans de thérapie pour y arriver ! »

« Depuis quelques années, je passe Noël seul par choix, en faisant des choses qu’on ne fait jamais le 24 décembre, comme aller au cinéma par exemple. Les gens se regardent dans la salle et tout le monde se demande : « qu’est-ce que qu’ils font là, les autres ? »

 

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