Liberté, liberté chérie… – Verbatim

Le Café Psy du 01.07.15

8b4fdc73cc42a9cc0bbc764ff2017df9560f3518_1354556110_crop_1x1Le choix

« Ma mère nous a raconté que dans notre enfance, mon frère jumeau et moi étions restés pétrifiés quand, dans une boulangerie, elle nous avait dit : « Prenez ce que vous voulez. » On ne savait plus quoi choisir !. »

Le Café Psy : «Devant tant de choix la panique peut nous saisir.  Prendre l’éclair au chocolat, c’est renoncer à la tarte aux pommes… »

« Avec mes enfants, je leur propose en permanence un choix. C’est une façon de réparer ce que je n’ai pas eu enfant. « 

« J’ai vraiment l’impression que la liberté est intérieure. La vraie liberté, c’est celle où je n’ai plus de certitudes. Pour moi, ce n’est pas une histoire de choix. »

« Pouvoir choisir est pour moi une liberté. Un de mes premiers moments de liberté a été de ne pas faire un choix qui aurait été celui de mes parents. »

« Chez moi, enfant, tout était possible. On pouvait faire ce qu’on voulait quand on le voulait. J’aurais tellement aimé que mes parents me donnent un cadre. »

Le Café Psy : « Le choix n’est qu’un aspect du concept de liberté. C’est bien pour cette raison que la liberté est une angoisse fondamentale. La marche de manœuvre est à trouver entre notre besoin de cadre et la liberté. Quand il n’y a pas de cadre, il n’y a plus d’éthique et de vie en société possible. Dans le trop comme dans le pas assez, on ne saurait pas être libre. »

« Quand j’étais petite, mon oncle pâtissier m’emmenait dans les boulangeries. Il me laissait choisir des gâteaux, j’en choisissais un et ensuite il me disait : « On va voir ailleurs ». Je n’en avais jamais, c’était affreux. »

Limites

« La liberté pour moi doit m’apporter bonheur et satisfaction. Parfois moins de liberté ne signifie pas que je ne serai pas heureuse. »

Le Café Psy : « L’histoire humaine commence avec les règles. S’il y a absence de règles, il n’y a pas de liberté. »

« C’est pour ça que c’est peut-être plus facile de se libérer plutôt que de chercher la liberté. C’est tellement vaste que ça peut faire peur. »

Le Café Psy : « La liberté telle qu’on la discute ce soir, c’est une angoisse, non pas quelque chose à atteindre. Pourquoi angoisse ? Parce que ça crée un conflit interne entre le besoin de cadre et le besoin d’espace. C’est comme le bébé à l’intérieur de son parc qui peut faire toutes les expériences. Si on lui enlève ce parc, il n’a plus de liberté car il n’est plus en sécurité. »

Le Café Psy : « Pour certaines personnes, moins de liberté, c’est plus de confort. J’avais une patiente qui disait : «  Vous vous rendez pas compte, vous vous êtes battus pour une liberté dont nous ne savons que faire ». L’ensemble des possibles est beaucoup plus large, tous ces choix l’angoissaient. Cette angoisse peut aussi générer des vocations comme le couvent ou l’armée. Tout est bordé, il n’y a plus de décisions à prendre, du coup, on est en totale sécurité, même si c’est au prix de contraintes majeures. »

« J’ai un ami proche qui s’est ancré de plus en plus dans la religion. Il ne s’est jamais senti aussi libre que depuis qu’il avance là-dedans. »

Se sentir libre

« Il y a des gens qui, quand ils conduisent vite, se sentent libres. Quand j’étais adolescent, aller au ciné, entrer seul dans une salle, c’était ça pour moi la liberté. »

« Quand on dit : « Je vais vite et je suis libre », est-ce que ça ne serait pas une lutte contre la mort ou un défi contre quelque chose? »

Le Café Psy : « La liberté n’est pas du tout dans le fait d’aller vite sur la route. C’est une illusion de liberté, plutôt une transgression. C’est plus un défi à la mort et une façon de se dire : « je suis immortel ». 

« Je me suis rendue compte que quand on est confronté à la mort, on a encore plus besoin de ce sentiment de liberté. »

« Il y a  des gens qui parlent plus librement quand ils conduisent. Ils sont au volant donc ils dirigent leur vie, et cela crée chez eux un sentiment de liberté. Pour moi c’est le fait d’être conduit qui génère ce sentiment de liberté. »

Responsabilité

« J’ai été soumis à des injonctions parentales très fortes, à la fois « Sois le meilleur » et « Ne te fais pas remarquer ». Pendant longtemps, j’ai décidé d’être le meilleur et de me faire remarquer, puis ensuite, d’être soit l’un ou soit l’autre. Aujourd’hui ma liberté est de pouvoir décider si je mets en œuvre ou pas les injonctions familiales, en fonction de ce qui est bon pour moi. C’est moins confortable mais je me sens plus à l’aise avec moi-même. »

Le Café Psy : « C’est typiquement la question sartrienne du « Qu’est-ce que je fais de ce qu’on a fait de moi ». Regarder les choses sous cet angle donne beaucoup de liberté mais aussi de responsabilité. Quand on part du principe qu’on peut agir sur ce que l’on a fait de nous, alors on peut s’offrir beaucoup d’espaces de possibles. »

« Avant, j’avais un réflexe : « Ce n’est jamais de ma faute ». Ça ne me rendait pas heureuse. A partir du moment où j’ai dit : « Oui c’est vrai, c’est de ma faute », je me suis sentie tellement apaisée. Etre conscient de ses responsabilités, est aussi une forme de liberté d’esprit. »

Le Café Psy : « Avec une nuance entre responsabilité et culpabilité,  ce sont deux trottoirs différents. »

« Quand j’imagine que je suis régi à quatre-vingt-quinze pour cent par mon inconscient, je me  demande combien de temps il va me falloir pour accéder à la liberté. J’ai l’impression que mon inconscient me rattrape régulièrement. L’important c’est que je vive bien avec ça, d’être le plus heureux avec ce qu’il se passe. »

Le Café Psy : « Au début d’une thérapie, une des premières choses que découvrent les patients, c’est qu’ils ont un inconscient et que celui-ci dirige quatre-vingt-quinze pour cent de leurs actions. Ne serait-ce que d’en prendre conscience est déjà une avancée majeure. L’étape suivante est de pouvoir accéder à l’idée que parce que l’on a cet inconscient, on est cent pour cent responsable de ce que l’on vit et cesser d’attribuer à l’autre ce qui nous arrive et ce que l’on ressent. »

« On fait aussi des choix en fonction de ce qui nous entoure et du climat social. Quand je regarde un film sur Hitler, souvent je m’identifie davantage aux méchants. Quelque part je me dis que je suis un mouton. »

Le Café Psy : « Il y a toujours un choix à l’origine de nos actes. La responsabilité ne renvoie pas au fait que ce soit bien ou mal mais au fait de s’attribuer la responsabilité, quoi que l’on fasse. C’est une prise de conscience qui peut être longue et qui n’est pas facile à faire. Une fois qu’on a  touché ça profondément, c’est une liberté fantastique car on n’est plus otage de l’autre ou de soi-même. C’est un élément de liberté fondamental car situé au-delà d’un jugement moral. Dans un de ses ouvrages, Jung affirme : « Ce qui m’arrive me ressemble. » Pour lui, la liberté est une forme d’unicité. Cela veut dire que je suis responsable de ce qui m’arrive et surtout de ce qui dépend de moi. Ce qui ne dépend pas de moi ne m’appartient pas, c’est le réel. La liberté passe par le fait de parvenir petit à petit à se détacher de ce qui revient à l’autre et d’être le plus en accord possible avec soi-même et ses désirs profonds. »

Quête

« Pour moi, la liberté est indissociable de la quête de sens. Si je ne suis pas responsable de ce qui m’arrive alors la vie n’a plus de sens. Je cherche ma liberté dans le sens et inversement. C’est un mouvement constant pour aller au plus près de ce qui me fait du bien. »

« Je crois que la liberté se cherche toute une vie, parfois on y arrive et parfois non. »

« Je me suis aperçue récemment que dans cette recherche de liberté intérieure, on peut oublier le chemin et ça devient oppressant. Profiter du chemin c’est déjà une liberté. »

« Je pense que la liberté n’est pas un état. Je ne suis pas définitivement libre mais c’est un apprentissage de se délester de tout ce qui m’a été imposé. C’est une quête qui ne peut que se renouveler en permanence. » 

Se libérer

« Dans ma vie, je cherche à me libérer, non pas à être libre. Ça change tout. »

« C’est plus facile de se libérer que d’être libre. J’ai mis beaucoup de temps à savoir ce qui m’empêchait d’être libre. C’est seulement après coup que je me suis rendu compte de la liberté que je m’étais octroyée. »

Le monde des possibles

« Ma liberté c’est de rêver. »

« Tout est possible », il me semble que la liberté c’est ça. »

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